Nous avons le plaisir de vous inviter à une exposition temporaire d’oeuvres de Mario Giacommeli confiées par des habitants de la ville de Senigallia. UNE JOURNÉE D’ÉTUDE EST ORGANISÉE LE 11 MARS SOUS LA PRÉSIDENCE D’ENZO CARLI

L’exposition et la journée d’étude sont accueilli par l’hôtel Parister, l’un des plus récents hotel 5 étoiles de Paris, situé 19 rue Saulnier (metro Cadet)

« Aux marges d’un pays pris d’une fièvre de consommation, cet homme avait encore le courage de pointer un mal de vivre que la Fiat 600 et la machine à laver prétendaient dissimuler. Son regard a retiré le vernis des images optimistes d’une société opulente. En marge, mais pas en dehors, du boom économique qui déplaçait des millions de personnes du sud vers le nord de l’Italie, il a observé la frénésie du changement sur le fond d’un destin immuable, celui de la condition humaine.

Celui qui l’a rencontré ne l’aurait pas qualifié d’ homme tourmenté. Une couronne de cheveux blancs surmontait un visage bonhomme, toujours sur le point de sourire. Photographier lui procurait « le bonheur d’un orgasme« , disait-il : « Quand je vais faire des photos, je suis aussi heureux qu’une petite fille qui attend son prince avec son cheval blanc et sa cape bleue… ».

Mais il n’a jamais su traduire cette exaltation de demi-dieu des images en images dorées. Il a avoué à Pietro Donzelli, un grand ami photographe, que le lyrisme dans les photos n’était pas pour lui, qu’en photographiant, il ressentait plutôt “la tragédie du monde ».

Et c’est peut-être là que réside le glorieux mystère de Giacomelli, dans la contradiction vertueuse entre une existence douce et une vision dramatique de l’existence. La photographie n’était pour lui rien de plus qu’un moyen efficace. Ni une vocation, ni une vertu. « Je ne suis pas un photographe, je suis un homme qui, de temps en temps, trouve quelque chose ».

Des choses ou idées qu’il pouvait voir mais peut-être pas déchiffrer : le film fonctionnait « comme un papier buvard placé sur une tache », il fallait la ramasser, la fixer, la mettre de côté. Regardez un papier buvard : il est couvert de tâches, autant de signes en désordre. Mais alors la terre, toute la terre, était pour Giacomelli un gisement de signes en désordre, écrits dans un langage qui ne peut être traduit en mots. Il s’agissait alors de les collecter, ces signes, pour les faire « respirer ».

La photographie « n’est rien de plus qu’une feuille de papier avec des signes dessus, des signes comme des idées, tout est une vue de l’esprit ».

Michele Smargiassi, Giacomelli e l’universo (blog de Repubblica, traduit de l’italien)